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Courir c'est la Vie !

Du Trail & du Plaisir ! Récits de courses mémorables entre nous

Saintélyon 2015 : bien plus qu'une revanche sur 2014..

Saintélyon 2015 : bien plus qu'une revanche sur 2014..
Voila, c'est fait ! Aussi improbable soit-il, je passe sous l'arche installée dans les halles Tony Garnier, dans un chrono plus qu'inattendu...Je vous raconte...

L'année dernière, laborieusement, dramatiquement, j'étais arrivé "à la petite cuillère" à Gerland avec cette désagréable désillusion, avoir subi, absence de plaisir et surtout avoir passé plus de temps à marcher qu'à courir, bref blasé, limite ecoeuré ! 09h51...un chrono à oublier..

Cette année, les conditions étaient franchement différentes de 2014. Une température clémente au départ (+3,4 degrés), et pas vraiment moins dans les secteurs les plus hauts, le Signal, à 934m d'altitude, km 36,5.

Il n'a pas beaucoup plu les jours précédents. Les sentiers n'auront jamais été aussi roulants. C'est que j'avais pu déjà constater lors de mes entrainements sur le tracé et aux dires des autres trailers. Tant mieux !!

Cela n'empêchera pas pour autant d'avoir droit à un circuit un peu remanié, plus cassant, tant par les descentes caillouteuses, techniques et forcément usantes que par l'incessant bal des "coup de cul" , particulièrement exigeant pour les guiboles et les fessiers !

Bref...

00h00 : Après un bel et lumineux hommage aux victimes de l'obscurantisme du 13 novembre 2015, le départ est donné. Avec mes 2 potes de la nuit, nous nous sommes "placés" tardivement alors on se sent un peu loin du "sas imaginaire" souhaité, (c'est à dire environ 8-9h). Impossible désormais de se faufiler, tant pis ! On a 72kms pour se positionner au mieux !

Sur les 6 premiers kms bitumés, c'est un véritable zig-zag que nous effectuons pour "rattraper" l'avant de la course. Avec notre allure de 5'10 au kil, nous nous surprenons à doubler des gens semblant être dans des allures qui ne justifient absolument pas leur positionnement (plus de 6mn30/kil), bref, toujours un souci ce départ avec des niveaux de coureurs très très différents et pourtant mélangés....

Cette remontée du peloton se confirme dès les premières raidillons dans les sentiers où nous poursuivons cependant en trottinant "en contrôle".

Les quelques montées sévères peu avant saint Christo sont gérées stratégiquement. Il faut tenir toute la nuit donc on marche mais on marche très dynamique. Cela permet de relancer dès que le plat ou le faux plat est de retour.

01h24 et 15,2kms : passage au ravito de Saint-Christo. Cela me parait assez rapide compte tenu qu'à l'entrainement je l'avais franchi en 1h15 mais c'était en ne faisant qu'une sortie de 40 bornes....j'appréhende..Suis-je parti trop vite ?

Le passage au ravito est éclair : rechargement de la soft flask, 1 pâte de fruit engloutie, un bout de banane, un peu de St-Yorre et hop, on enquille !

La section suivante nous amène vers les premières montées "longues". Au km 20, on arrive sur Conjarenton qui va en calmer plus d'un. Alors comme d'habitude, pas la peine de forcer, je la connais bien cette "côtelette" : elle est dur et dure. Donc on marche mais toujours sans trainer. Les jambes répondent correctement malheureusement mes problèmes d'ischiojambiers qui traînent depuis des mois se réveillent ..déjà...

S'ensuit alors un 5 km technique en descente quasi-continue vers Sainte Catherine. On reste attentif sur les appuis, car les cailloux sont masqués par les feuilles au sol et les mollets s'usent à absorber les poses de pieds parfois très hasardeuses, au détriment des chevilles..

02h43 et 27,5kms : passage à Sainte Catherine. un temps cohérent vis à vis de l'entrainement et de la difficulté de cette section. Là aussi, je ne traine pas au ravito. L'année dernière, j'avais fait cette erreur qui a eu pour principale conséquence de très vite se refroidir et d'exploser le chrono....

Avant de repartir, j'essaie d'étirer mon mollet car voilà que lui manifeste sa première crampe...Que se passe il ? Moi qui ai observé 6 jours sans courir avant le jour J, me suis "chargé" à la banane, au magnésium, au potassium et au bicarbonate ?

La section vers Saint Genoux-chaussan est clairement la plus difficile. A peine reparti du ravito et passé au "centre ville" de sainte Catherine, ça attaque par une grimpette sans équivoque...La marche est, pour moi, indispensable. Je connais bien cette portion et je trouve qu'elle associe fatigue physique et fatigue morale. En effet, ici, les deux longues montées en "déposent" beaucoup, qui mettent les clignotants et malheureusement la descente qui s'y intercalle, bien raide et à découvert, nous permet d'appréhender la montée à venir, joliment éclairée par le serpentin des "gazelles" et franchement, celle là fait peur ! Et effectivement cette deuxième montée aura raison de moi...Je décroche de mon pote du départ au km 31...Les cannes sont raides et la douleur irradie désormais toute ma jambe gauche....J'ai appris à m'entrainer avec cette douleur mais cette nuit, si je veux poursuivre intelligemment, je dois accepter de le laisser filer et lever le pied.

Avec un peu plus de la moitié de la course restant à effectuer, je suis livré à moi-même.. Puisse les démons de l'abandon ne pas m'emporter..

Arrivé souffle très court au point culminant à 934 m d'altitude et sa montée interminable frôlant les 20%, je regagne un peu de moral car je sais désormais que ce n'est que descente jusqu'à saint Genou...Je parviens plus ou moins à relancer la machine mais elle est bien en souffrance...

04h09 et 39,7kms : arrivée à Saint genou.Le chrono est inespéré, moi qui ai tant "râmé" sur les "bosses précédentes" ! Comme quoi...! Alors, j'essaie de ne pas m'attarder au ravitaillement et j'essaie une nouvelle fois de m’étirer..Impossible. En essayant de soulager le quadriceps, une crampe se réveille au muscle ischio-jambier..l'horreur, étirement impossible, du jamais vécu.. Je sais que le plus dur est derrière moi mais il reste malgré tout 31kms à avaler dans cet état....Le doute me gagne. Je repars en marchant 1 à 2 minutes pour compléter la récup et en avant vers Soucieu-en-jarrest.

Cette 4ème section est moyennement rapide finalement. La première moitié est marquée par quelques montées en sous bois sous forme de lacets bien usants, une longue montée modérée en bitume puis un passage en sous-bois humide et techniqu. Enfin, le long des vignes, la seconde partie en descente avec des appuis moins traitres qu'auparavant nous pousse vers le bitume nous annonçant le gymnase de Soucieu ! ouf !

05h28 et 50kms : Belle allure peu avant le gymnase de Soucieu car je sais qu'un pote assure la logistique. Je m’arrête brutalement au pied des spectateurs, mon pote Matt est là ! Je décide de changer de chaussures (grave erreur à posteriori) car j'ai l'impression que celles que je porte n'ont plus d'amorti et que, comme nous attaquons des sections à dominante bitume, autant prendre une paire plus "nerveuse". Je vais réaliser assez vite que c'était une belle perte de temps et une franche erreur tactique.

Comme d'habitude, on ne traine pas au ravito, l'eau pétillante, le coca et la banane restent mes alliés. Je sens mes jambes en douleurs, les ailettes extérieures du genou gauche commençant elles-aussi à en avoir assez. D'autres souffrances jusqu’à alors inconnues, toutes compétitions confondues, dans les insertions du quadriceps surviennent, c'est le feu dans les muscles postérieurs !! Les deux mollets désormais diffusent un fourmillement quasi-continu proche de la crampe à chaque appui.....L'enfer..Seul mon dos, à mon grand étonnement ne bronche pas.

Je repars avec la patate car, pour moi, le passage à Soucieu signifie "ça sent bon" d'autant qu'en sortie de gymnase, 3kms de descente non technique nous attendent, c'est rare et donc l'idéal pour achever la récup et "gratter" du temps.

Rapidement ma nouvelle paire de "grolles" me dessert. Ce ne sont pas les chaussures qui manquaient d'amorti en réalité, ce sont mes pieds qui sont raides et en souffrance !! J'ai l'impression d'avoir du carton...merde. Je regrette d'autant plus l'accroche est totalement insuffisante lors de passages à gué et de remontées en lacets tortueux en sous bois. Je glisse, je me viande, j'enrage. Cela me convint définitivement, à ma décharge, que mes chaussures de marathon n'auraient jamais dû être portées.Pas d'accroche, pas de protection contre les cailloux...stupide.

Cerise sur le gâteau si je puis dire ironiquement, car cette section, théoriquement très rapide, n'emprunte pas le tracé officiel durant 3 kms..Grrrr...Cela a pour conséquence de me plomber sérieusement le moral, celui-là même qui me permettait de courir, certes lentement mais de courir tout de même..

Je me mets donc pour la première fois à marcher sur du plat....Ce qui est très très mauvais signe..Pire le tracé officiel reconnu avec la Team Extra sport empruntait des descentes, le tracé finalement parcouru passe par de sévères et inconnues montées...un scandale, pensais-je dans ma tête..Je vécu donc 20 minutes dans l'angoisse et la colère, consommateurs inutiles d'énergie reconnu d'inutilité publique...

Heureusement, le mal nommé chemin des lapins arrive, me rassurant sur le fait que nous reprenons le tracé officiel que je connais donc par cœur..Ça monte fort, très fort dans cette portion avec des marches très hautes nécessitant des enjambées coûteuses en énergie...Je m'appuie fort avec mes mains sur ce qu'il reste de quadriceps et je parviens à conserver une marche assez dynamique pour doubler dans ce sentier où le souffle est court et les gens râlent...Sorti de cette épreuve, retour au bitume en faux plat montant, Chaponost est proche on serre les dents...allez Flo !

06h35 et 61kms : Chaponost. Curieusement je n'apparais pas au live-trail chronométrique de ce ravito !? Pourtant je m'en souviens pour une raison bien dingue : je commence à rêver d'un moins de 8h !!! Les jambes ont mal mais pourtant une Energie nouvelle me gagne : celle de l'arrivée, celle qui te prends quant tu sais que tu peux faire quelque chose d'énorme, le Flow m'atteind et je me transcende. Je sors vite du gymnase, la machine se réveille !

Je perds un peu et encore du temps (que je regrette) à mater sur FB les publications de mes temps voir si je n'hallucine pas...Rien n'est publié.youpi, tout ça pour rien.

Je sais ce qu'il reste à affronter, quelques coups de culs pas insurmontables mais surtout Le rendez-vous à Sainte-Foy pour la montée des aqueducs...On y est rapidement..Évidemment, je la gravi, que dis-je, je rampe "dynamiquement" (à l'entrainement j'arrivais a trottiner très lentement sur ces petits 20% zut alors). Allez !, alleeez !!!, tu vas y arriver. Encore quelques montées bien traîtres après le passage à "l'accrobranche"..Je regarde ma montre, je n'y crois pas....Un panneau annonce "arrivée dans 2kms" et ma montre, elle, indique 07h45 ! Dingue ce que je vis et ce que je construis. Et ça devrait passer à moins que le ciel ne me tombe sur la tête !! Je parviens alors à rentrer dans un état second, presque toucher par la grâce, mal au jambes ? tant pis ! mal partout ? Je ne sens plus rien ! Suis-je en train de me blesser plus qu'il n'en faut ? M'en fout ! Je reprend une allure qui me surprend moi même, 4'45 kil après 70 km....Délirant. Je "mange" les derniers coup de culs sans broncher, les 200 marches descendantes vers Confluence sont grignotées en toute tonicité et je suis sur un nuage, j'ai faim de chrono alors peu importe ! Je serre les dents, je relance le long des quais, je double, je double encore, je suis en transe.....Arrivée sur le pont Raymond Barre, l'émotion commence à monter ! Celle du bonheur d'un résultat magique qui s'annonce au bout d'une nuit d'effort mais surtout je repense aux sorties longues effectuée seul, à la connaissance du circuit qui m'a sacrément aidé et à ma gestion de course, tant sur le plan de l'allure que sur le plan des ravito, pas mauvaise du tout et à mes pépins médicaux que j'emmerde !

Alors je savoure, je contemple ces pancartes jaunes et noires qui nous annoncent 250m, puis 200m puis 150m, 75m, 50m, entrée dans la Cour !! Je prend mon pied tout en souffrance et en dopamine !

L'année dernière je marchais, même à 200m de l'Arche, je ne pouvais pas relancer, tellement j'étais physiquement rincé et sans euphorie aucune.

Mais là, bimmmmmm, je passe sous l'arche avec un petit geste et la tête levée vers le ciel !

Punaise, je suis sidéré de mon temps !

07h56 et 19sec - 71,7kms ! Waooouhhh ! Moi qui envisageait juste "faire mieux" que l'année passée comme on dit, j'explose mon temps de "référence" mieux, je passe sous la barre mythique des moins de 8h !!! Un fantasme est assouvi, rien que ça !

Je n'ai fait que gagner des places tout le long, ce qui est de bonne augure pour 2016 !

J'ai pris une revanche de dingue, sur la vie, sur moi, sur la maladie.

J'en ai oublié de montrer le tee shirt de la lutte contre le cancer que je portais en dessous...c'est bête.

Fraichement arrivé, j'ai soudain très très mal aux pattes, les douleurs ressurgissent brutalement mais je m'en fiche, je suis sur une autre dimension dans ces instants-là et je sais que pas mal de personnes de mon entourage vont halluciner de ce temps et se garderont peut-être de le dire...

Merci encore à tous, merci à l'organisation, à tous ces bénévoles sans qui rien ne se ferait.

Bravo à Benoit CORI, vainqueur et champion hors-pair, mon Mentor ! Et bravo à tous les FINISHERS ! Bravo aussi mon pote-partenaire durant 31kms qui boucle en 07h37, vétéran1 et mon autre pote qui "découvrait" et qui boucle en 09h20 !

Et biensur un grand merci à ceux qui m'ont soutenu, tant moralement que sur le plan logistique.

L'année prochaine, si je suis encore en métropole, je remets ça, pour faire ENCORE MIEUX !!

Place à la récup ! @ très bientôt !

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G
Bravo tu as tout gagné, à la course, sur ton mental et sur ton corps. Maintenant bon voyage là-bas dans l'hémisphère sud. Encore une fois chapeau bas. Gérard SONDAD
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F
Merci gros !!!
S
Merci pour ce beau récit et bravo.
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F
Merci, espérant que vous avez vécu la course !
S
Merc pour ce beau récit et bravo.
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