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Courir c'est la Vie !

Du Trail & du Plaisir ! Récits de courses mémorables entre nous

ULTRA TRAIL DU VERCORS : PAS CHOISI DE PAS FINIR MAIS PAS (TROP) DECU

Carton VERT pour moi ! ULTRA TRAIL DU VERCORS – 87 km & 4600 D+

Je vous livre un "ultra" récit et ses quelques photos « à chaud » de ce weekend dans le Vercors, qui reste très positif malgré tout !

Samedi 09.09.2017 – VILLARD DE LANS - 5h du mat ! le Départ ! 335ème sur 347 partants

Un « petit » 15° pour le départ avec pas mal de vent, pas glacial mais bien présent !.. Prudent, je pars dans les tous derniers, la route va être longue, soyons sage ! La longue montée de 5kil va être rude pour tous, du 1er (déjà congelé au sommet, d’après les organisateurs) que pour nous tous, les bourrasques de vents nous fouettant le visage. Le serpentin de frontales ainsi que les extrémités du corps qui ont froid me renvoient sur la Saintélyon... Courage ! On est tous dans la même galère !

 

Je double dans la montée tranquillement tant que cela n’engage pas la sécurité de chacun, sans me mettre dans le rouge, sous contrôle ! A 6h03, j'en fini avec le col vert : 5.3km et 780 D+ dans la tronche pour commencer, c'est du sérieux !! Ouf ! Allez, on attaque une descente en lacets techniques au début puis s’ensuit un long plat/faux plat de 9km, caillouteux, piégeux, en single le long des balcons Est, quasi impossible de doubler. Cependant des petits groupes d’allure se créent, c’est cool et on discute. J’en rejoins un nouveau à chaque fois, petit à petit et j’annonce les difficultés à venir car je connais cette portion où je me suis entrainé 4 semaines avant !

Le jour se lève mais le temps est un peu couvert, la vue est belle mais c’était bien plus somptueux en reconnaissance 4 semaines avant ! Bref,

2h27 de course : on attaque le second morceau de grimpette vers le pas de la Balme, tout va bien, le groupe qui m’accompagnait n’est plus et j’attaque la « remontée » sur le suivant, en prenant le temps d’une photo dans l’effort ! On voit bien que dans les fortes montées en single, les plus lents ralentissent le troupeau ! Comme quoi, rien ne sert de courir….

03h03 : Descente vers Corrençon-en-Vercors : raide, exigeante sur le plan musculaire, elle me permet malgré tout de me faire plaisir avec les bâtons et d’apprécier comme mes chaussures sont hyper rassurantes ! Je commencer à réfléchir à la gestion du ravito, bref tout va bien et je filme l’entrée sur Correncon, un peu détrempé mais motivé !

03h37 de course : RAVITO 1 – CORRENCON, 23.5KM, 166ème

Ravitaillement de 3 min environ, le temps de recharger les flasques, déconner avec une bénévole qui qui passe son scan de dossard bien proche de mes parties intimes ! Ca fait rire tout le monde, c'est ce qu'il faut pour réchauffer tout ce monde ! Je vérifie mon roadbook "fait maison" afin d'anticiper les difficultés à venir et hop, faut pas trainer, "fait froiiiiiid", il pleut, et la sueur emmagasinée n’arrange rien ! Go !

Les 15kms suivants sont peu intéressants visuellement, on est dans du sous-bois classiques et 3 belles côtes pour rajouter de l’usure nous attendent ansi que du bitume quelconque, bof, bof. On est "parfaitement" exposé à la drache, c’est vraiment dur moralement, l’humidité s'est infiltrée partout ! Je marche quand ça me "gonfle" mais aussi le temps d'appeler ma fille pour lui souhaiter son anniversaire ! Ça fait une récupération et un regain de motivation !!!

Et puis, même sur le plat, il faut en garder car le pire est à venir !

05h28 de course - RAVITO 2 – Méaudre, 38.5KM, 121ème.

Une pause un peu plus longue ; les pieds ont chauffé, le corps à souffert, alors je prends le temps de me déchausser sous un abri de fortune et te mettre du NOK sur ces pieds rougis et fripés de froides sollicitations sportives ! On est tous trempé, c’est terrible, on ne profite pas, on survit. Les bénévoles, au chaud dans leurs doudounes et aussi gentils soient-ils, nous regardent avec pitié...

Never Mind ! Lecture du roadbook : 3 belles côtes courtes mais "sérieuses" nous attendent, il faut s'accrocher, déjà beaucoup d'abandons et bien moins de monde sur cet ultra....

J’en profite pour mettre de la musique, on est sur des sentiers larges, c'est monotone, ça grimpe et il y a peu de monde, l'écrémage s'opère...Une normale monotonie s’installe, il faut l’accepter et je marche sans forcer dans les côtes, me soulageant avec les bâtons,  ma foi, bien utiles ! J’ai plutôt la frite, je relance en footing dès que le plat est de retour et j’envoie même dans les descentes !

La pluie est de plus en plus violente et désormais, même en courant, j’ai froid, le modeste pouvoir déperlant de mon coupe-vent est désormais inexistant, au contraire, plaqué à ma peau, il entretient la sensation d’humidité. Je sens l’eau ruisseler dans le dos, dans le gilet, c’est du jamais vu, mais TOUJOURS il faut l’accepter, c’est ça aussi le trail !

06h33 de course – RAVITO 3 – Autrans, 45.5 KM, 117ème

Un ravito finalement vite arrivé mais fort désiré, vues les conditions météo qui entament de le moral des survivants. Je m'interroge : "Y’aurait-il de quoi s’abriter pour se réchauffer ou faire un bref séchage de mon coupe-vent ?" "Non, non M'sieur" Arf ! Bon bah, on va se "ravitailler" à l'arrache et rapidement car sous le déluge on se refroidit très très vite et le speaker lui-même est dépité ! Le regard des jolies bénévoles qui rechargent mes flasques est le même… : "on a mal & froid pour vous mais que faire ? »...Bah rien, juste prier !!!!… Je m’assieds sur un banc trempé car mes jambes le réclament. Une fatigue normale mais réelle s’est installé avec ce froid qui nous fait SUBIR.

Je repars, tant bien que mal, un gros chantier nous attend…20 kms sans ravito….et du fort D +..

 

Cette section de course, c’est le prologue de la mise à mort ! Transi de froid, la boue est omniprésente dans les descentes périlleuses et d’interminables montées se sont invitées. Avec 48km dans les jambes et avec le froid comme compagnon, c'est hard ! C’est très dur physiquement, impossible de s’économiser tant la pente est raide…La montée de Combe d’Huisse, au km 50.5 est une véritable tuerie, qui dure 3kms. Je m’appuie péniblement sur mes bâtons, tout devient très très lent, j'ai des vertiges (bizarre)…Arrivée au point "culminant" (1650m), impossible de s’arrêter, il fait bien trop froid avec ce brouillard épais. Je m’accorde une brève minute de marche sur le plancher des vaches et je repars, de force, en courant, dans la descente, dans l’espoir de me réchauffer…en vain…

Arrivé en sous-bois, tout redevient glissant, la boue est omniprésente, les relayeurs (en x2 ou x4) font les malins et slaloment entre nous. Pff. Y’en un même derrière moi dans la descente qui a réussi à marcher sur mon bâton et à me le faire quitter de ma main, blaireau. Ça aussi ça me rappelle la Saintélyon...;

Contrôle du roadbook, le tant attendu ravito est précédé d’une nouvelle et rude ascension, argh !

Et là, c’est du lourd : on ne court plus, on grimpe (si, si et l'on suit un câble de sécu le long du étroit passage sous bois pour rejoindre saint-Nizier. C’est compliqué physiquement, et le cœur s’emballe. La dérive pulsative s’installe, Je dois m’arrêter un 2min en sortie de "grimpette forestière". Je perds des places, je crois, pour la première fois.. Reparti, je serre les dents, je n'ai aucune idée du classement et du déroulement dramatique de la compétition, en tête notamment mais aussi dans le peloton dont je fais partie.

Allez ! "chaque pas te rapproche du dernier VRAI RAVITO" me dis-je et les derniers 20kms, je les connais pour les avoir faits en entrainement 3  semaines avant ! La volonté est ferme et le physique inévitablement atteint….

Retour en montée sur le Bitume avant la triste fin….

10h21 de course – RAVITO 4 – Saint Nizier – 66 KM, 99ème

Les badauds de Saint-Nizier m’encouragent, après cette rude côte, je marche avec mes bâtons sur le "plat" du village ! Je me fais déjà ma récup ! et j'apprécie enfin la chaleur humaine ! Les barrières nous guident vers le Ravito, je suis content et là, stupeur, le gamin qui me scanne mon dossard me dit : « la course s’arrête la pour les "solos" » ?

"Quoi, what da f… ?"

J’apprends alors que des cas d’hypothermies se sont produits sur la dernière portion, en tête de course. Plus tard, j’apprendrai aussi qu’il y a eu une grosse chute de 50m d’un coureur (en l’occurrence l’ancien premier.), des trauma crâniens, l’hélico du PGHM tourne autour de Moucherotte et du Pic Saint Michel...

On scanne à nouveau mon dossard et pour les malheureux du moment aussi, j’entends quelqu’un de l’orga qui parle « tu les mets en abandon », la course est arrêtée...

Bon, étonné, trempé, mais acceptant que la sécurité doit demeurer le fil conducteur d’une course, - particulièrement en ultra montagne, je ne bronche pas et file me dessaper de cette tenue trempée. Mon gilet doit bien peser…5 kg…( en mode full-départ il pesait 3kgs, cherchez l'erreur). 30 min passent, je claque des dents et me demande comment se faire ramener au point de départ.. Un flottement s’installe et dure.. Personne n’annonce la décision définitive…et puis, alors torse-nu, tout mon matériel au sol, totalement refroidi, j’entends :

« c’est bon, ceux qui veulent repartir le peuvent, on met des circuits de repli en place ! »

 

P.....,! , Je gueule, les spectateurs comme les coureurs bloqués, on se regarde, entre incompréhension et colère….

IMPOSSIBLE DE REPARTIR pour plusieurs d’entre nous : on claque des dents, on est déséquipé, on est sortie de "notre bulle", celle où l’on acceptait notre sort tant que l’on était avec dossard et en mouvement vers l'arrivée..

 

VOILA. Me voilà donc considéré comme "techniquement" en ABANDON (la page d'accueil de l'UTV le présente ainsi avec ses excuses...) et un regrettable cafouillage de l’organisation. Le fait de revenir sur la décision d'arrêt de l'ultra a été extrêmement frustrant pour beaucoup et très irrespectueux pour l'effort déjà accompli par ceux qui "s'accrochaient"..

-- ON ARRÊTE OU PAS UNE COURSE MAIS ON NE REVIENT PAS SUR UNE TELLE DÉCISION --

Je rentrerai grâce à un compagnon d'infortune du moement qui avait son soutien logistique personnel à St Nizier et qui a eu la gentillesse de me ramener. Merci Olivier !

J’apprendrai que l'ultra s’est fini avec différents parcours de repli, les traileurs n’ont pas tous pris le même itinéraire, le classement et le chrono final n’ont donc plus aucun sens……Pffff

Si ce n’est la joie de franchir la finishline dont on m'a privé pour la 1ère fois.

 

Désabusé, j'analyse et ressors très content de cette course "malgré tout" car au final :

  • J’ai assez bien géré mon effort, même dans le dur et malgré des conditions météo effroyables,
  • Je n’ai fait que remonter au classement ! (combien aurai-je fini… ?)
  • Moralement j’ai tenu, en acceptant les hauts et les bas, sans m'apitoyer.

 

Une préparation utile pour mon absolu OBJECTIF de l’année : LA DIAGONALE DES FOUS. Je relativise donc, y’a vraiment plus grave dans la vie, même si je n’avais jamais connu de telles conditions, de telles montées, une telle désorganisation…… et une non-arrivée...

 

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